Agro-écologie et gain de valeur ajoutée grâce aux couverts végétaux
Nom : LOUIS JOULLIÉ
Localisation : Nord Mirande – Gers
Louis Joullié est associé de l’exploitation familiale depuis 2012. Après avoir travaillé quelques années à mi-temps avec son père, comme salarié, ils exploitent 320 ha de grandes cultures.
« Lors du printemps dernier, j’ai eu une discussion sympathique avec des gersois qui photographiaient les féveroles en fleur sur ma parcelle. Je crois bien les avoir surpris en leur expliquant la démarche des couverts.
J'ESPÈRE AVOIR PARTICIPÉ À FAIRE ÉVOLUER LEUR REGARD SUR LES AGRICULTEURS ! »
Votre intérêt pour l’agroécologie est-il récent ?
L’agroécologie n’est pas un concept nouveau sur l’exploitation. Mon père s’est engagé dès 2007 dans la mesure agro-environnementale des Baïses sur la réduction des phytosanitaires. Il pratique également de longue date l’herbi-semis.
Pourtant, malgré ces 12 années de pratiques alternatives, les analyses des sols réalisées tous les 3 à 4 ans, depuis 20 ans, montraient une perte notable de la matière organique.
Or c’est cette matière qui sert de nourriture aux organismes vivants du sol et fertilise la terre. C’est elle qui contient naturellement l’azote et le phosphore nécessaires à nos cultures, surtout en terres sablo-argileuses ou “ Boulbènes” comme celles de notre exploitation !
Pourquoi avez-vous décidé de pratiquer les couverts ?
Tout simplement pour éviter un réel risque d’érosion du sol. En 2016, j’ai opté pour les couverts, une pratique culturale réputée pour augmenter le taux de matière organique.
Accompagné par Gersycoop, nous avons sélectionné des couverts adaptés à notre matériel et aux besoins des parcelles, qui sont hétérogènes.
Depuis 2015, je participe également au GIEE porté par Gersycoop sur la thématique des couverts végétaux. C’est l’occasion de partager notre expérience et surtout de bénéficier de celles des autres. Nous nous en servons pour affiner nos pratiques.
Les couverts ont-ils amélioré la matière organique des sols Boulbènes ?
Nous n’avons pas de nouvelles analyses et je sais que l’enrichissement en matière organique des sols est lent. Cependant, je suis certain que les couverts ont aidé à passer le printemps 2018. Suite aux fortes pluies, les couverts ont absorbé l’eau à la surface et permis de rentrer mécaniquement dans les champs sans les abîmer.
L’année dernière, nous avons également mis en place une vitrine d’une vingtaine de couverts différents. Elle a montré la présence de nombreux vers de terre dans les parties en couvert et très peu sur la partie cultivée de manière conventionnelle. J’avoue avoir été surpris devant le résultat de ce test.
Souhaitez-vous généraliser les couverts sur l’ensemble des parcelles ?
Oui, il est certain qu’un tel constat nous donne envie d’aller plus loin et d’étendre les couverts à toute l’exploitation.
Quelles incidences sur les charges de l’exploitation ?
Globalement, nous avons moins d’heures de main-d’oeuvre. En effet, nous avons arrêté le labour en faveur de la fissuration. Cette technique bouleverse moins le sol tout en aidant les plantes à s’installer. Les couverts facilitent cette pratique en protégeant le sol. La terre blanche se tasse moins. Les échanges entre la partie superficielle et la terre sont facilités.
Nous consommons également moins d’eau et surtout moins d’intrants de synthèse qu’auparavant. Les couverts restituent naturellement azote, potasse et phosphore.